Au milieu des volcans, dans le vent glacé de l’Islande, j’ai découvert une petite rune gravée du mot…
Endstrife : fin des luttes. Ces deux semaines, entourée par le feu et la glace, m’ont offert un miroir de mon propre chemin intérieur.
J’ai appris que pour cesser la guerre avec le monde, il faut d’abord cesser la guerre avec soi-même.

Il y a des jours où l’on sent que quelque chose en nous se fissure. En réalité, chaque détail vient exercer une pression sur cette fêlure intérieure, jusqu’au moment où elle devient si puissante qu’elle pourrait séparer les plaques tectoniques : celles du cœur et du cerveau.
Un masque tombe, une façade se craquèle, et soudain tout devient trop lourd : les silences, les compromis, les batailles invisibles. Comme des gaz qui s’accumulent dans un volcan, les faits s’empilent en nous, jusqu’au jour où nous ne pouvons plus retenir l’éruption.
J’ai longtemps cru que, pour être aimée, je devais m’habituer aux autres, les prioriser, m’oublier. Parce que dans mon histoire, ne pas avoir de cris ou de violence physique semblait déjà être “pas mal”. Sauf que ce n’était pas suffisant. J’apprenais à sourire même quand mon cœur hurlait. Mais au fond de moi, une vérité brûlait : ce masque m’étouffait, m’empêchait de respirer, m’éloignait de mon âme.
Un jour, en Islande, j’ai marché deux semaines au milieu d’une nature volcanique et sauvage. Je portais mon sac à dos, aussi lourd que mes pensées. Et j’ai compris : je ne voulais plus avancer ainsi. J’ai traversé dans la même journée des volcans et des glaciers, et je me demandais : comment la Terre peut-elle réunir le feu et la glace, comme un yin et un yang en harmonie ? J’avais l’impression que le glacier reflétait mon esprit, et que les volcans incarnaient mon cœur.
C’est dans un ancien refuge celte-viking que j’ai découvert une inscription. Ce n’était pas une rune du Futhark, mais un Galdrastafir, un de ces symboles magiques islandais utilisés pour la protection, la guérison, la chance et la transformation. Sur la pierre était gravé le mot “Endstrife” : fin des luttes. Et c’était comme si la vie me murmurait doucement : “Il est temps de déposer les armes. Il est temps de revenir à toi.”
Regard Bouddhiste
Dans les enseignements du yoga, on dit que l’âme (Atman) ne peut s’épanouir que lorsque nous cessons de lutter contre nous-mêmes.
Le Bouddha rappelait que la souffrance naît de notre résistance à ce qui est.
Les Upanishads nous soufflent : “Ce qui est subtil est plus vaste que ce qui est visible.”
Les volcans islandais m’ont appris cela : ils contiennent le feu, ils grondent, parfois ils explosent, mais de cette lave brûlante naît une nouvelle terre fertile.
Ainsi est notre hypersensibilité, ainsi est notre douleur : une force qui, si elle est écoutée, peut devenir création.
Regard neuroscientifique
L’amygdale : l’alarme émotionnelle
L’amygdale est une petite structure située dans le cerveau limbique. Son rôle est de détecter les dangers et d’activer nos émotions de survie (peur, colère, vigilance).
Chez les personnes hypersensibles :
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l’amygdale est plus réactive aux stimuli émotionnels ou sensoriels.
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même un petit signe (un ton de voix sec, un bruit soudain, un regard) peut être interprété comme une menace.
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résultat : le corps réagit plus vite (palpitations, tensions, stress).
C’est comme avoir une alarme de maison trop sensible : elle sonne non seulement quand un voleur entre, mais aussi quand une feuille tombe sur le toit.
Le système nerveux autonome : hypervigilance
Notre système nerveux autonome (SNA) régule tout ce qui est automatique dans le corps : respiration, battements du cœur, digestion… Il fonctionne en deux branches principales :
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sympathique (accélérateur) → prépare à l’action, au stress.
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parasympathique (frein) → ramène au calme, à la détente.
Chez les hypersensibles :
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le système sympathique s’active très rapidement → cœur qui s’accélère, respiration courte, muscles tendus.
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mais le retour au calme (parasympathique) est plus lent → ils restent longtemps dans l’état d’alerte.
C’est comme si leur corps conduisait une voiture qui a un accélérateur très sensible et un frein moins réactif.
La mémoire corporelle des blessures
Quand une personne a connu des expériences douloureuses (abandon, rejet, insécurité, violences), ces souvenirs ne restent pas seulement dans la tête, mais aussi dans le corps.
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Le cerveau enregistre l’événement.
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Le corps garde la trace physiologique : tensions musculaires, insomnies, problèmes digestifs, migraines.
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Le système nerveux apprend alors à rester en “mode vigilance”, même si la situation actuelle est sans danger.
C’est ce qu’on appelle parfois l’hypervigilance traumatique.
Pourquoi le “masque” épuise
Quand on dit “ça va” alors qu’on est brisé à l’intérieur, le corps le sait.
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On sourit alors que l’amygdale envoie des signaux de danger.
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On se tait alors que le système nerveux crie qu’il y a trop de pression.
Résultat :
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double dépense d’énergie (lutter contre ce qu’on ressent + jouer le rôle de la personne “forte” et “normale”).
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fatigue chronique, anxiété, baisse de l’immunité.
Le système nerveux réclame l’authenticité, car c’est seulement en exprimant et en régulant les émotions que l’équilibre revient.
Ces éléments sont confirmés par des recherches en neurosciences affectives (Joseph LeDoux sur l’amygdale, Stephen Porges avec la théorie polyvagale sur le système nerveux autonome, Bessel van der Kolk sur la mémoire du corps dans “Le corps n’oublie rien”).
Quand les blessures réveillent la douleur
Chaque abandon, chaque rejet, chaque trahison grave son empreinte dans nos fibres nerveuses.
L’hypersensible porte cette mémoire des tempêtes : une vigilance constante, un besoin de se protéger, un cœur qui s’emballe au moindre signe de danger.
Et pourtant, ce poids n’est pas une condamnation.
C’est une invitation.
L’invitation à poser le masque, à dire : “je ressens, et c’est ma vérité.”
Chemin de guérison
Pour moi, mettre fin aux luttes intérieures ne s’est pas fait en un jour.
C’est un chemin de douceur, de patience, de recommencement.
Quelques pratiques sacrées m’accompagnent :
Respirer consciemment
Placer une main sur mon cœur, une main sur mon ventre. Inspirer 4 secondes, expirer 6. Répéter, jusqu’à sentir que le feu intérieur devient lumière.
Nommer l’émotion
Dire à voix basse : “Je sens de la peur. Je sens de la colère. Je sens de la tristesse.” En nommant, j’apaise l’amygdale, je rends au chaos un visage.
S’accueillir avec tendresse
Parler à mon enfant intérieur : “Je suis là. Tu as le droit de pleurer. Tu as le droit d’avoir peur. Tu as le droit d’être toi.”
Créer un refuge intérieur
Visualiser une forêt, une lumière, un cocon. Savoir que, même quand tout tremble, je peux m’y abriter.
Se rappeler que tout passe
Chaque émotion est une vague. Elle monte, elle crie, elle se brise, puis elle repart.
Moi, je reste. Plus vaste que mes tempêtes.
Conclusion
La rune Endstrife est devenue pour moi plus qu’un objet. C’est un rappel : “Il est temps de mettre fin aux luttes intérieures. Il est temps d’écouter ta voix.”
Retirer le masque, c’est douloureux, car il tombe avec des morceaux d’illusions, parfois avec des liens auxquels on tenait. Mais c’est aussi une renaissance.
Toutes les personnes qui ont traversé ma vie m’ont laissé un apprentissage. Même celles qui m’ont blessée ont été, d’une certaine manière, des enseignantes. Pour cela, je ressens une profonde gratitude.
Avancer, c’est honorer ce que la vie nous a donné comme leçon, sans rester prisonnier du passé. Les enseignements bouddhistes nous rappellent que nous devons apprendre à couler comme l’eau : lorsqu’elle rencontre une roche, elle ne s’arrête pas, elle trouve un autre chemin. Si nous nous obstinons à rester bloqués, nous stagnons, nous pourrissons. Mais si nous acceptons de suivre le courant, la gravité nous guide toujours en avant, vers la mer.
Notre corps, lui aussi, nous murmure la même sagesse. Par ses signaux , fatigue, tensions, insomnies, larmes ou palpitations, il nous avertit : “Quelque chose doit changer.” Et si nous l’écoutons, il devient notre meilleur guide.
Alors, avançons.
Avec douceur, avec confiance.
Et rappelons-nous que chaque obstacle est une roche qui nous invite simplement à trouver un chemin nouveau.
Alors, à toi qui lis ces lignes :
Ne crois jamais que ta sensibilité est une faiblesse. Elle est ton feu sacré.
Ne crains pas les volcans intérieurs. Ils brûlent, mais ils enfantent aussi une nouvelle terre.
Et rappelle-toi : tu n’es pas l’orage, tu es le ciel qui l’accueille. (C'est Buddha qui a dit)
🌷 “S’écouter, c’est se sauver. Se sauver, c’est renaître.”
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Commentaires
Tu es merveilleuse, ma chère. Tu reflètes la lumière de ton cœur. Ta persévérance et tout ce que tu fais sont admirables. Je te souhaite toujours de la beauté dans ta vie.
Me encanta leerte amiga, y espero verte pronto para darte un abrazo enorme, ese tipo de abrazo que solo las personas sensibles sabemos dar ❤️
Toujours aussi clairvoyante! Merci pour ton regard inspirant et inspiré sur notre être intérieur.